Honduras : aires protégées et sources d’eau menacées par les licences hydroélectriques

Paris, Tegucigalpa - Le projet hydroélectrique Cuyamel II pourrait générer des dommages irréversibles aux aires protégées du Parc National Pico Bonito et du micro-bassin de la rivière Cuyamel, principale source d’eau pour près de 7 000 personnes dans la municipalité de San Francisco, Atlántida. La FIDH, CEHPRODEC et FUPNAPIB publient aujourd’hui un rapport qui alerte sur les lacunes réglementaires et pratiques au Honduras qui rendent possible la construction de barrages hydroélectriques dans des zones protégées et sans information et participation adéquate des communautés locales. Nos organisations appellent à ce que les institutions de financement internationales, régionales et nationales, exercent une diligence raisonnable accrue avant d’investir directement ou indirectement dans de tels projets.

Le projet hydroélectrique Cuyamel II s’inscrit dans un processus de changement de la matrice énergétique au Honduras dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, dans lequel les acteurs aux niveaux local, national, régional et international ont des intérêts économiques confluents. Ce processus s’est accompagné d’un affaiblissement des garanties pour la protection des droits humains et de l’environnement, et d’une augmentation de la violence et de la criminalisation à l’encontre des défenseurs des droits humains et de l’environnement. Ce projet a été autorisé dans un contexte de modifications législatives régressives, de manquements de la part des autorités compétentes et d’un manque de responsabilité des entreprises concernées.

« Le projet Cuyamel II est emblématique de la nécessité de donner la priorité à la protection des sources d’eau et des droits des communautés vis à vis des projets d’investissement. »

Javier Mujica Petit, chargé de mission et président de l’organisation membre la FIDH au Pérou EQUIDAD

D’autres projets hydroélectriques ont déjà reçu les autorisations pour être construits dans des aires protégées. Nos organisations appellent l’État du Honduras à renforcer le cadre juridique national afin de protéger adéquatement les droits humains des personnes affectées par les projets d’investissement de ce type. Les institutions de financement internationales, régionales et nationales doivent faire preuve de diligence raisonnable en matière de droits humains accrue dans la sélection et l’évaluation des projets pour éviter de contribuer à de telles violations. Les entreprises doivent assumer leur responsabilité de respecter tous les droits humains reconnus internationalement, en toutes circonstances, y compris à travers d’études d’impact sérieuses et de processus participatifs visant à identifier les impacts négatifs.

Le principal impact potentiel associé à ce projet de barrage au fil de l’eau réside dans la réduction de la quantité et la qualité de l’eau disponible pour la consommation humaine. Cet écosystème exceptionnel pourrait également être affecté de façon permanente en raison des impacts cumulatifs, y compris une érosion accrue et la perte d’espèces en voie de disparition.

« Notre plus grand souhait est que tous les habitants de San Francisco s’unissent pour défendre les ressources naturelles de la municipalité, afin de pouvoir les transmettre aux générations futures »

Adalid Mendoza, président du Conseil de gestion de l’approvisionnement en eau de San Francisco

Les risques d’atteintes au droit à l’eau sont amplifiées par la réduction des possibilités de participation des citoyens et du manque d’information sur ce projet. Ceci a généré une forte opposition de la part de la communauté, qui a usé de recours juridiques et de manifestations publiques pour freiner l’avancement du projet. Les procédures judiciaires et administratives enclenchées au nom de la communauté ont été caractérisées par un manque d’enquête et de retards importants dans les procédures, démontrant l’absence d’accès à un recours effectif.

De plus, le quatrième bataillon d’infanterie, qui s’est installé et a construit des baraquements militaires dans la zone sans les permis et les évaluations requis, entrave actuellement l’accès au micro-bassin, menaçant directement le système d’approvisionnement en eau de la communauté.

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