La FIDH et la CCEEU appellent la CPI à ouvrir une enquête pour crimes contre l’humanité en Colombie

La FIDH et la Coordination Colombie Europe Etats-Unis (CCEEU), publient aujourd’hui un rapport intitulé “La guerre se mesure en litres de sang. Faux positifs, crimes contre l’humanité : l’impunité des plus hauts responsables" (disponible en espagnol). Ce rapport démontre que les exécutions extra-judiciaires commises en Colombie, connues sous le nom de “faux-positifs”, sont constitutives de crimes contre l’humanité, alors même que la justice colombienne n’a jamais ouvert d’enquête à l’encontre des plus hauts responsables.

Le 29 mai 2012, lors d’une rencontre publique à “The Hague Institute for Global Justice”, à la Haye, la FIDH conjointement avec la CCEEU, et l’organisation Avocats sans frontières (ASF), présenteront leurs rapports respectifs sur les crimes internationaux commis en Colombie.

Dans leur rapport, la FIDH et la CCEEU soulignent le caractère systématique et généralisé du phénomène des faux positifs en Colombie entre 2002 et 2008, lorsque 3000 civils ont été assassinés, présentés plus tard comme des guerrilleros morts au combat. De tels actes étaient soutenus par les plus hauts responsables de l’armée, qui n’ont pas seulement omis d’exercer leur devoir de contrôle mais ont aussi encouragé ces agissements.

A ce sujet, la FIDH et la CCEEU ont signalé des failles structurelles dans les enquêtes et poursuites devant la justice colombienne, car aucune procédure ne vise les hauts responsables militaires pour les exécutions extra-judiciaires, ni même les autorités politiques qui pourraient également être considérées comme responsables par omission face à de tels crimes. Au contraire, les enquêtes sont menées de façon isolée, évitant ainsi de traiter le phénomène dans son ensemble comme crime contre l’humanité et sans prendre en considération sa systématisation et les politiques qui sont à l’origine de la perpétration de ces crimes. Par ailleurs, on relève des actes d’obstruction à la justice, tandis que certaines personnes en charge des dossiers, des victimes et des témoins sont menacés et intimidés.

Compte tenu de ces circonstances et à la lumière des principes de la CPI, et en particulier le principe de complémentarité tel qu’interprété dans sa jurisprudence, la FIDH et la CCEEU appellent le Procureur de la CPI à ouvrir une enquête sur les faux positifs, puisque les plus hauts responsables de ces crimes ne font l’objet d’aucune enquête ou poursuite en Colombie.

Ce même jour, au cours d’une réunion parallèle à l’événement public, la FIDH a présenté au Bureau du Procureur de la CPI une liste confidentielle des principaux auteurs présumés des crimes contre l’humanité auxquels le rapport fait référence.

Le rapport en espagnol est disponible ici

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