La FIDH, la LIDHO et le MIDH, tout en respectant le droit et le désir des victimes d’être indemnisées des préjudices considérables subis, considèrent qu’en présence d’une décision de juridiction civile britannique entérinant simplement un accord entre parties, et en l’absence d’une décision de justice impartiale sur la responsabilité pénale de la société Trafigura, celle-ci ne peut pas se considérer blanchie par le simple fait d’avoir transigé à l’amiable avec les victimes. La FIDH, la LIDHO et le MIDH ne peuvent que dénoncer l’attitude indécente de Trafigura, qui développe dans la presse française et internationale une opération de communication institutionnelle et de relations publiques portant sur son absence de responsabilité, et ce au mépris de la douleur des familles et des souffrances des victimes.
Nos organisations rappellent que la toxicité des « slops » contenus dans le navire « Probo Koala », affrété par la société Trafigura, a été reconnue par plusieurs expertises indépendantes, à la fois ivoiriennes et internationales. En outre, le lien entre le déversement à Abidjan des déchets toxiques contenus dans le navire et les 16 morts officiellement reconnues et les dizaines de milliers d’intoxication a été établi par des études indépendantes, présentées notamment lors du procès de l’affaire à Abidjan en octobre 2008 [2], et réitéré par le Rapporteur spécial des Nations unies sur les déchets toxiques le 17 septembre dernier lors de la présentation de son rapport au Conseil des droits de l’Homme [3].
En conséquence, nos organisations soulignent que cet accord à l’amiable ne saurait faire obstacle aux procédures pénales engagées à l’encontre de Trafigura et de ses dirigeants, visant à l’établissement des responsabilités et à l’application effective du droit des victimes à obtenir justice et réparation.